QOBBA- QOBBET BEN KARIM ET LES GRANDES CEREMONIES DE ANNABA D'ANTAN

 


Qobbet Ben Karim et ses cérémonies fastueuses, Annaba, Algérie.
Un peu d'histoire de la ville d' Annaba , ( Bône), Algérie et du mausolée qobba ou quobbet Ben Karim, de son vrai nom Mustapha ben Karim, haut dignitaire de l’histoire de la ville de Bône du temps de l'occupation, adulé par certains et haï par d'autres, quoiqu'il en soit, ce n'est pas un marabout ni un saint.
Je relate ici la vie des anciens bônois citadins autour de ce mausolée.
Plus tard et après que ce dignitaire ne soit plus du monde des vivants, son mausolée tenu et géré par ses héritiers est devenu un lieu select où tout le vieux Bônois proche de la famille , parents et parents par alliance ainsi que les familles aisées y organisaient les fêtes les plus fastueuses qui soient à l'époque, il n'y avait pas de salle de fêtes encore, grands enfants, ma sœur aînée et moi, j'ai des souvenirs grandioses de ces fêtes et de ce mausolée qui existe toujours à st Cloud.

Les plus belles cérémonies de mariages, de circoncision et de fiançailles où nos us et coutumes* avaient la place belle s'y déroulaient, une bâtisse à dédalles où nous nous promenions, enfants cela nous paraissait interminable, les fêtes se déroulaient dans la grande cour et les jeunes femmes changeaient de tenues comme il se doit dans notre traditions, histoires de montrer la belle garde robe faite des plus belles et précieuses étoffes.



Dans les anciennes traditions bônoises*, les fêtes se passaient la nuit et les invités passent la nuit dans le lieu de la fête, que ce soit dans nos maisons ou dans les mausolées, on y restait pour la nuit et c'est le lendemains qu'on rentrait chez nous, tout ce qui est apparat ( desdiret laaroussa ), présentation de la mariée et toute la cérémonie se déroulait la nuit.
Les invités arrivaient assez tard dans l'après midi, ils sont reçus et accueillis, l'après midi était animé par les fkirettes, danses langoureuses ( haz ) des jeunes femmes, on ne se permettait pas d'entrer dans la piste de danse de notre propre chef, on attend que l'organisatrice de la fête nous invitait à le faire ( moulet el farh ), il est incorrect de lui forcer la main car entrer dans la piste, impliquait la maman de la mariée à dépenser plus qu'elle n'a prévu, car dans la traditions bônoise on offrait des billets pour les fkirettes à travers les femmes qui danses en plus de leur rémunération, un sorte de pourboire pour l'orchestre et aussi honorer les jeunes femmes qui contribuent à l'animation de la cérémonie.
Un café est offert avec un assortiment de gâteaux traditionnels est servi dans assiettes en porcelaine, les boites et les sachets n'existaient pas.
Vers 18 h ou 19 heures selon les saisons, le banquet est servi ( soffra mechia ), une succession de plats présentés dans un ordre établi qui a ses propres rituels, rien ne se faisait au hasard.
Cette soffra qui diffère repas ( 3cha ) est composée de deux jaris, deux plats de viande ( mraks ), un entremet marka hlouwa ou chbih essofra aux noix* pour les plus aisés qui est servie entre deux plats salés
un plat de pâtes traditionnelles* ( mkartfa, graytlia ou mhawer ),
pas de chakhchoukha chez les vieilles familles bônoises authentiques,
des salades,
des fruits de saison
du pain maison au four parfumé de fleur d'oranger ou de mahlepi( khobz eddar fel kouch) qui se préparait la famille par les proches arrivés quelques jours auparavant qui doivent assister au sacrifice des bêtes ( dbiha ), l'emballage des gâteaux dans des petites assiettes en porcelaine et emballés avec du papier cellophane noué avec des rubans en satin ( debla ).

Le jari rouge* est servi en premier, on ne servait pas de bourek ni de bricks qui étaient réservés pour ramadan exclusivement dans Bône d'antan.
Venaient les salades, puis l'entremet
les plats de viande, dolma généralement, et tajine jben
ou mchaimcha, tajine el hout, market ezaitoune mbaten ou aaryene
la neema et le jari blanc ( jéri abyad* ) en dernier
ceux qui poussent le luxe et servent du poisson blanc façon de se préserver du mauvais œil

La soirée se déroulera avec la présentation ( tesdira ) de la mariée bônoise et son apparat que nul ne peut égaler sans pour autant tomber dans la mascarade et l'absurdité.

Une fois terminé car ça prend du temps pour présenter une mariée bônoise dans toute sa splendeur, accompagnée par une dame respectable et digne que l'on nomme machta MISSA ) qui s'occupe le la mariée quelques jours au préalable et l'accompagne jusqu'au bout .
Puis la soirée s'éternise avec les mdihs et les moussabettes comme dans aarboune* jusqu'aux aurores.

Le matin après le petit déjeuner, tout le beau monde rentre chez lui et ce n'est qu'en soirée que la mariée accompagnée de ses proches qu'elle partira dans son foyer conjugal, un cortège envoyé par la famille de l'époux , avec les proches de l'époux, en calèches si ça n'est pas loin viendra la récupérer ou à pieds si les maisons sont proches, la soirée continuera chez la belle famille.....

Il faut dire aussi que les bônois s'unissaient entre eux, il était impensable de sortir de ce sacro- saint milieu autrefois.

A noter que le nouvel marié, aura déjà organisé sa fête en grande pompe ( kiaters ) aussi un à deux jours avant.

Tous les plats cités sont sur le blog.













Je vous laisse avec quelques extraits du livre de hassen derdour et le faste dans lequel vivait Mustapha Ben Karim
« Annaba 25 siecles de vie quotidienne et de luttes ) »
« ............mais à partir du printemps 1831 faute d'approvisionnements, le « diwan el torq » ne fit rien d'autre que constituer une délégation de six notables sous la présidence de Mustapha ben kerim afin d'obtenir du général Damremont des soldats et des armes............l'accusation la plus lourde que l'on portait contre sa personnalité était celle d'un redoutable agent au service du corps expéditionnaire. Sa façon de manier la langue française, ses agissements peu discrets en faveur de l'ennemi valurent à ce notable à peine sortit de l'anonymat l'amitié des turcs, la haine des arabes et une immense fortune en domaines agricoles et en pièces trébuchantes. Ajoutons qu'issu d'une famille honorable dite « Dar ben Karali » aussi dés son arrivée à Alger auprès du général il fut accueillit comme une personnalité de haute marque à laquelle on accorde les honneurs militaires. Quelques heures d'une réception grandiose et l'on se mit d'accord sur les conditions de cette aide en contre partie d'une reddition de la place de Annaba......le choix des trois membres pro-français à leur tête Mustapha........à Alger l'accueil chaleureux qu'occupe le prestige de Mustapha ben karim ne manquèrent pas en effet d'effacer une opinion hostile à braham el gritli ex bey de Constantine......c'est pourquoi le 02-10-1832 un petit navire de guerre la béarnaise à bord duquel se trouvaient Mustapha et cet officier du nom de yusuf quitta Alger pour Annaba ......quant à Mustapha ben kerim ce superbe et élégant notable portant le kaftan aux cordelets en or et en diamants recommandé par le général Damremont, s'il lui octroie une escouade de fantassins turcs autant pour lui rendre les honneurs ,une consécration d'être le plus grand promoteur de la prise de Bône que pour lui assurer une haie protocolaire à ses déplacements en ville ou à ceux des siens , avec lui il parlera d'affaires , de finances ,de plaisirs, s'apprêtera aux combinaisons les plus louches..........le général d'Uzer va jusqu'à s'allier le concours de Mustapha ben karim devenu haut commissaire aux affaires maures extrêmement redoutable quand il s'agit de faire taire les récriminations.........le général avait chargé de la gestion de ses affaires ce Mustapha qui depuis 1830 était demeuré fidèle à notre cause, il s'était ainsi attiré la haine de ses coreligionnaires . A son retour à Bône abandonné de tous il fit la connaissance du général .....il faut reconnaître que la situation sociale de ce turc ne lui attirait pas beaucoup de sympathie. Il était haut commissaire de police maure pour Bône et sa région....il eut aussi un immense domaine une ferme de 500 hectares ........parler de son luxueux train de vie c'est faire part de l'édification d'une spacieuse et magnifique maison de maître pour la construction de laquelle il avait importe d'Italie du marbre de carrare de Tunisie des plaques de zelij. Dans cette splendide sérail aux colonnes superposées, au jet d'eau central, s'il recevait les généraux d'Alger et parlementaires de paris à qui il offrait de somptueuses diffas, il n'en sortait qu'accompagne d'un cortège de noubadjis d'une réelle splendeur, une parade solennelle à l'égard de turcs de la place, un ressentiment douloureux pour les arabes. Aussi mettait il tout son amour propre à éblouir les annabis du luxe de ces katt et kaftans brodés d'or ruisselants de diamants ; et comme il avait goût des chevaux ses poulains et ses poneys étaient richement équipes. Ils avaient des étriers en argent et des brides aux boutonnières en or. Ces calèches et fiacres importes de Rome consacraient la puissance que lui accordaient les généraux en particulier D'armeront et d'Uzer.... Ce mode de transport était affecte aux sorties solennelles de son épouse pour le passage de laquelle il ordonnait l'isolement des rues l'arrêt de toute activité. Nos vielles chroniques annabies abondent de récits étincelants que révèle la fière allure et l'opulente richesse de Mustapha telle cette fameuse koubba magnifiquement bâtie au bord de la mer .Elle ne représentait pas le seul lieu ou se manifesta son désir à y être enterré en attendant elle servait de décor pour la célébration d'une série de zerdas autant grandioses que peu accessibles à tout le monde .Seuls les familles d' officiers et hauts personnages de la place y étaient invites.. St Arnaud déclara « Ce superbe mausolée sidi ben karim qui se dressait tout seul et tout blanc sur une légère éminence dominait tout l'alentour de la mer.

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