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RECETTE AUTOUR D'UN INGRÉDIENT #109- ANNONCE DU THÈME

    J'imagine que vous êtes curieux de connaitre le thème de cette nouvelle édition culinaire !!! Ravie d'être la nouvelle marraine de cette nouvelle ronde du jeu "recette autour d'un ingrédient  #109 . Jeu culinaire i nitié par   Samar du blog  Mes inspirations culinaires  et Soulef du blog  Amour de cuisine . Mais avant de vous annoncer le thème, laissez moi vous rappeler ce qu'est ce jeu.   Chaque mois et à chaque nouvelle édition une blogueuse ou blogueur sont désignés pour mettre en vedette un ingrédient qu'ils choisissent  et mènent le parrainage du jeu. La précédente marraine était ma chère  Nessa qui avait choisi l'orange sanguine. Sans plus tarder, voici donc le thème pour cette ronde ci: LE FENOUIL   Ce légume de régime par excellence, plutôt un bulbe bisannuel, il est sur nos étals bien frais et bien croquant. Le fenouil accompagne à merveille le poisson, les plats et les tajines à l'agneau ou poulet fermier en Algérie, sauté ou braisé, en g

MON VÉCU AUTOUR DE L'AÏD ESSEGHIR ( AÏD EL FITR )- US ET COUTUMES BÔNOISES ANCESTRALES

 

Mon vécu autour de l'Aïd el seghir ou Aïd el fitr, nos us et nos coutumes ancestrales dans l'ancienne Annaba ( Bône ). Aïd el fitr, la fête qui vient clôturer le jeûne de ramadan, cette fête de fin de jeûne fut préparée quelques jours auparavant par nos aïeules en commençant à partir de la dernière semaine de ramadan par nettoyer nos maisons, faire de grandes lessives pour nettoyer les rideaux, les nappes et serviettes afin de les ranger, les tapis sont exposés au soleil et l'intérieur des maisons avec les cuivres et l'argenterie astiqués.

A laylet el kadr, veille du 27ème jour de ramadan, nous encensions nos maisons, chose que l'on cesse de faire durant ramadan car les djins seront ligotés et il ne faut pas les narguer disait grand-mère Hnaïfa, ils nous jetteraient de mauvais sorts, c'est un rituel que l'on a gardé toute notre vie par crainte et ce jusqu'à présent mes sœurs et moi !!!

Ce n'est qu'à partir du 27ème jour de ramadan que nous commencions par préparer les gâteaux de l'Aïd qui se limitaient au makroud, kaak mankouche, parfois de la ghraïba, et encore, ce n'était pas tout le monde qui pouvait se permettre les makrouds et kaaks el Aïd,  tout ce que vous voyez ces derniers temps ne se faisait absolument pas.

Les pâtisseries à base de noix et d'amandes étaient réservées pour les grandes cérémonies de mariage et de circoncision.

On assiste à un va et viens incessant qui dure jusque tard dans la nuit, les boulangerie qui cessent de faire du pain pour se consacrer à la cuisson des gâteaux de l'Aïd, car le pain de l'Aïd était fait maison qu'on envoyait à cuire dans les boulangeries. Une superbe ambiance dans les rues.

Nous commençons par ranger la vaisselle qui a été utilisée pendant ramadan la veille de l'Aïd, on change les rideaux et les tapis, nous sortons la vaisselle pour les plateaux du café de l'Aïd pour accueillir la famille qui arrive pour souhaiter une bonne fête à nos aînés (grands-mères et grands-pères). 

Petits et grands auront des habits neufs pour fêter l'Aïd. La veille, du henné est mis sur les mains et les pieds des petites filles après le repas du soir. Nos mamans auront préparé nos lits parce qu'on ne va plus pouvoir bouger, on est transportées par nos papas jusque dans nos lits, il faut préserver le henné.

Pour moi, ma tante paternelle mettait des chnaders au lieu du henné car disait elle, tu as la peau si blanche et transparente que les chnaders t'iront à merveilles, c'est une préparation qu'elle faisait elle même à partir de henné et d'ammoniac faiblement dosée, une sorte de crème fluide noire qu'elle posait sur un support quadrillé qu'elle confectionnait pendant la journée fait de fil épais en coton qu'elle passait à la cire de bougie pour le solidifier.

Ce support quadrillé était posé sur le dos de mes mains et autour de mes avant bras, sur lequel elle appliquait sa mixture pour tout couvrir avec les paumes de mes petites menottes potelées, enveloppait tout ceci de papier pelure puis dans du tissu et attachait le tout soigneusement , je gardais ces chnaders toute la nuit, le lendemain, tante (3amti) Bornia bent riffi descendante directe de Garadelli , pur turc, noble reconnu dans l'ancienne Bône, ôtait les paquets, lavait mes mains, les séchait puis frottait dessus des gousses d'ail, une brûlure intense que je ressens jusqu'à présent dans un coin de ma mémoire et pour me calmer, 3amti me promettait un cadeau, il faillait que je patiente quelques instants pour fixer les chnaders.

Au final, je me retrouve avec des "louchis" ( quadrillage ) de chnaders d'un noir de jais sur ma peau si blanche de petite fille gâtée prête à me vêtir des plus beaux habits que nos parents commandaient pour nous sur mesure chez les couturiers et terzis de l'époque. Tout ceci est bien loin et rien n'est plus comme avant.

 Le matin de l'Aïd, grand-mère vêtue de nouveaux habits en satin broché bleu ciel et foulard en soie ( mharems hrir ) est installée telle une reine avec sa chéchia bel qambou3a dhab w 3lej louis, froud mcharech, maquiess sam wel jamous w rdif dhad à sa cheville, swaba3 mrass3a bel khwetems yaméni  devant le plateau de l'Aïd ( siniyet el Aïd ) comme un immense bouquet et attend ses visiteurs tous membres de la famille qui la vénéraient. 

On se réveille tôt, nous faisions notre toilette, les hommes allaient à la mosquée pour faire la prière de l'Aïd  ( slat el Aïd ) et les femmes allaient  sur les tombes de leurs morts, ce sont des matins joyeux et festifs, après la prière de l'Aïd, les visites commencent à affluer et ce sont les hommes de la famille qui viennent pour souhaiter un bon Aïd à mémé le matin,  nous prenions notre petit déjeuner et mordillant les gâteaux, on était pressé de nous habiller pour partir rendre visite à notre famille qui résidait dans les environs, c'était surtout les grosses pièces d'argent que nous offraient les plus proches et c'était toujours papa et mémé maternelle qui nous comblaient le plus, on passait la journée de maisons en maisons qu'on oubliait de manger, ma sœur et mes cousines nous nous offrions des brochettes dans des demi baquettes, les grillades et autres gourmandises étaient proposées partout dans la rue, il faut dire aussi que la sécurité y régnait, on sortait de nos maisons embijoutées et jamais on n'a était inquiétées, quelle dégradation à laquelle on assiste dans ces temps modernes !!!!

On rentrait fourbus garçons et filles et c'est à peine si on se lavait pour aller illico nous coucher.

Le déjeuner du premier jour de l'Aïd était immanquablement chaque année, du jari ( chorba ), des bricks authentiques bônoises qui sont à base de viande hachée , d'œufs, oignon, persil, sel et poivre uniquement, la pomme de terre et autre ajouts ont été introduits par souci d'économie pour diminuer la quantité de viande.

Le soir ce sont des grillades et des salades. Ce n'est qu'au deuxième jour que nous préparions le mhawer, couscous fin typique bônois à l'agneau en quantité, pois chiches, sauce blanche à la cannelle, on y ajoute lorsque c'est la saison des cardons sauvages ou arabes qui apportent beaucoup de saveurs et qui n'ont rien à voir avec les cardons cultivés.




Commentaires

  1. C'est un récit émouvant qui nous rappelle notre enfance, car chacun garde de très beaux souvenirs étant plus jeune le jour de l'aïd. Merci de partager ces coutumes et traditions avec beaucoup d'amour. Bisous

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