Le3tya ou dot de la mariée bônoise , patrimoine bônois

Le3tya chez les bônois, ejjeria dans d'autres régions d'Algérie ou tbaq, la dot,  une fête consacrée aux offrandes pour la mariée bônoise qui survient après la demande en mariage de quelques mois ou une année généralement et avant le mariage de quelques jours, le3tya est organisée par les parents de la future mariée et ceci représente souvent la cérémonie de mariage de leur fille, car peu de temps après elle quitte la maison familiale pour le foyer conjugal ou termine l'année pour se préparer.
Seul sdeq  ( somme d'argent ) est donné aux parents de la mariée lors de la demande en mariage officielle afin qu'elle puisse se préparer !

Ces offrandes pour la mariée sont souvent demandées par la famille de la future mariée, et souvent consenties par la belle famille, il y a des sortes d'ententes entre eux et se mettent d'accord sur le chart, littéralement conditions, mais beaucoup de familles aisées laissent ces offrandes à l'appréciation des beaux parents, les parents des futurs époux avaient un rôle important dans le déroulement et l'organisation des fêtes de mariages, ils décidaient absolument de tout.

Donc pou revenir cette 3tya ou la dot chez nous, elle est composée principalement d'une coquette somme d'argent ( sdeq ou chart ), d'un bijou conséquent en or selon le gabarit de la belle famille, de la laine ( souf), 2 à 3 quintaux, une panoplie de tissus pour 7 robes de fêtes ( tbedels ), avec leurs jupons et lingerie fine, sortie de bain luxueuse, déshabillés luxueux, nécessaire pour le bain et le henné, et là je précise une chose, on offre des foulards travaillés finement en or ou en argent de deux couleurs différentes et non des gants qui sont en fait résevés au mtaher ( circoncision ) et de 2 louis en or que l'on pose sur le henné une fois fait, parfum, mules brodées or, rihiyettes brodées d'or aussi, sinyet el bakléwa façonnage rose ( warda ) et piquées de clou de girofles,  souliers et escarpins de luxe et le dîner de la mariée.

La corbeille ou plateau en argent du henné est composé de 2 mharems hrirs ( foulards en soie rebrodés ), de henné et de dragés que l'on pique dans le henné et que l'on fait tomber sur la tête de la mariée après lui avoir posé le henné et montré la dot, on les éparpille aussi sur les convives, de mrach ( fibule dans laquelle on garde l'eau de fleur d'oranger , mais là il est rempli de parfum avec lequel on mouille le henné, les bougies au nombre de cinq pour chasser le mauvais oeil, les tampons de satin et coton avec lesquels on couvre le henné avant de recouvrir les mains de foulards en soie et les 2 louis d'or que l'on incruste dans le henné !

L'autre plateau contient les bagues et alliance, les gros bijoux , l'argent, et le parfum de très grande marque, le tout dans des coffres et plateaux en argent !

Le nécessaire pour le dîner de la mariée ( 3cha le3roussa ) est expédié 3 jours environ au domicile de la future épouse, il est composé de un à deux moutons vivants, nécessaire pour jari ( chorba ), entrées et salade et plat principal avec les fruits et boissons.

Paquets préparée avant la cérémonie

Pour les offrandes de bijoux et trousseau, on les prend le jour de la fête organisée par les parents de la mariée, cette fête est programmée à la suite de la date arrêtée du jour du mariage par les beaux parents ( famille de l’époux ), pour laisser le temps à la mariée de s'organiser.

Ces offrandes seront montrées aux invités ou pas ! Souvent seule la somme d'argent et le bijou sont exposés !

S'ensuit un service de café et de gourmandises et un repas copieux et raffinés pour les convives !

Tard dans la soirée, la belle mère se chargera de de faire goûter à sa baklawa pour que l'on ne dise pas qu'elle appartient à la maman de la mariée, puis celle baklawa est servie le 3ème jour du mariage en réservant le milieu en forme de rose au nouveau couple !

Dans nos traditions ancestrales, les mariages étaient séparés et les deux parties organisaient leurs propres fêtes séparément, ce qui ne se fait plus de nos jours, les frais étant exorbitants, les familles se partagent les frais, pas toutes car il reste certains qui tiennent aux traditions.
On suivait des codes immuables et c'est toujours selon les moyens et le gabarit des familles !

Généralement trois jours après la future épouse part dans sa belle famille en grande pompe car ceux ci aussi organisent le mariage à proprement parler de leur fils, la future épouse est récupérée de chez elle par un cortège accompagnée de ses plus proches parents et conduite à la maison de l'époux où elle sera présentée au invités dans et célébrée comme une rein dans des festivités qui auront démarré depuis l'après midi et qui durent jusqu'aux aurores.

Il faut savoir que les mariages et toutes les fêtes sont organisées dans les maisons dans le temps et les jeunes époux cohabitent avec la belle famille.

Le lendemain c'est une cérémonie que l'on nomme le trèze, la maman arrive le lendemain matin du mariage avec des beignets chauds, une corbeille pleine de dragées, noix, noisettes, bonbons, tous les fruits secs et un gros poisson frais, que la nouvelle mariée devra traîner attaché à sa cheville dans la cour de la maison, espoir de fortune et de chasse de mauvais oeil.
Un café est offert alors avec les beignets et les gourmandises pendant que le repas mitonne, mais la maman et les tantes rentrent chez elle et ne restent pas déjeuner . C'est la tradition.

Trois jours après le mariage, il y a une cérémonie ( le telet ) où la nouvelle épouse devra porter toutes ses toilettes pour les montrer à la famille dans une cérémonie animée par un orchestre féminin ( fkirettes ), café et pâtisseries traditionnelles sont offertes ainsi qu'un dîner aux convives.

Au 7eme jour après le mariage, une autre cérémonie aura lieu, le seba3 ( 7ème jour )
Ce jour là, le matin après le petit déjeuner, les parentes proches de la nouvelle épouse reviennent pour assister à la cérémonie de la tehzima, une cérémonie familiale stricte où on ceinture la nouvelle mariée, elle sera vêtue de tekhlila multiples pas moin de trois de différentes couleurs, puis on choisira un petit garçon qui placera la mahzma (ceinture en louis d'or ) ou hzem dhab typique , à partir de ce jour, la nouvelle mariée est libre du carcan traditionnel et pourra vaquer à ses occupations, car pendant 7 jours elle aura été fêtée et chôyée.

On a toutes vécu ces cérémonies jadis , on se sentait des reines de quelques jours !!!!

Tenues de fêtes bônoises

Autrefois, lors des fêtes citadines bônoises, les bônoises allaient à la fête avec des tenues de brocard rebrodées richement, on commençait avec une couleur pastel , laffa et chawchna w chéchia, parfois c'est juste chawchna w jbin, ou simplement jbin et ceci tant qu'on le souhaite surtout lorsque les bijoux et l'attirail de l'ornement de la tête appartient à la famille, pendant tout l'après midi, on change de tenues.

 Mais lorsque la mariée est prête à faire son apparition ou le mtaher d'ailleurs, lors de la fête de circoncision ( thour ), la tradition veut que toutes les jeunes femmes se changent en portant des tenues blanches en tissu précieux rebrodés avec du fil d'or ou des paillettes, puis s'installent avant l'apparition de la future épouse.

 La gandoura en velours ( gandouret echwek ou sder ) n'est portée que le jour du telet, troisième jour après le mariage, cette robe de velours brodée or ( fatla ), n'était pas confectionnée par tout le monde, le fil est trempé dans de l'or et le velours est du gênois authentique, velours et fil d'or étaient importés de France, la manufacture de gênes et celle de Lyon ont fermé boutique dans les années 1980.

 Toutes les familles ne peuvent se la permettre, elle est rarement chargée que par une minorité de familles aisées.

De nos jours c'est carrément devenue un cache misère, le fil est en inox et le velours est du synthétique , portée un peu n'importe comment.