CHERBET OU SIROP D'EAU DE FLEURS DE BIGARADIER (oranges amères) شربات زهر الزمباع ـ برتقال مر
هر الزمباع ـ برتقال مر
Je vous relate un fait rare et méconnu du patrimoine bônois, c'est une publication inédite, sur une manifestation typique qui est relative au sirop que je vous présente!!
Un sirop culte, cherbet , sirop de fleurs de bigaradier , oranges amères ,que l'on prépare à l'occasion de fêtes et dès l'apparition des fleurs des bigaradiers annuellement grâce à l'alambic ( el qattar ).
Le ARBOUNE! العربون Littéralement "acompte", que la concernée ou sa famille donne, preuve de leur bonne volonté à organiser la fête due aux djinns dans les croyances de nos aïeux, la personne est supposée être atteinte par des jinns, en attendant d'aller visiter les lieux sacrés avec offrandes et toute une organisation pour chacun des marabouts que les familles célèbrent, car chaque famille à les siens !
Boisson réservée aux moussabates qui entrent en transe lors de la cérémonie, un suprême délice rafraîchissant et vivifiant qui n'est connu que par les citadines autochtones de Annaba , البلديه
Le 3arboune est une cérémonie rituelle qu'organisent encore de nos jours certaines vieilles familles Bônoises des plus anciennes pour conjurer un sort, la personne atteinte se trouve mal , déprimée, ne mangeant plus presque prostrée ( les choses étant ce qu'elles étaient dans le temps, ignorance oblige, les familles rebutent à présenter leurs filles chez le psychiatre ou tout autre doctrine scientifique ), c'est très mal vu, les femmes étaient confinées , presque cloîtrées, expriment leur détresse et leur désarroi en faisant des crises hystériques qui seront soulagées par des manifestations plutôt festives. Car le Arboune est une fête grandiose où les invitées sont vêtues de leurs plus beaux apparats de fêtes, bijoux en or, repas festifs, douceurs et pâtisseries aux noix et aux amandes, une fête qui dépassent et de loin les fêtes de mariage et autres, entre toutes ces festivités, il y a une séance spéciale où la supposée atteinte "MOUSSABA", est installée au centre des invités, la cérémonie est prise en charge par les "fkirettes", orchestre féminin, littéralement femmes que les aléas de la vie n'ont pas gâtées, se sont des veuves ou des femmes dans le besoin qui sortaient gagner leur vie en égayant les fêtes juste avec des sortes de petits tambours "bendirs" et tambourins, elles sont vêtues modestement pour la plupart assez âgées,
cette manifestation n'est connue et pratiquée que par les familles citadines autochtones , car il ne faut pas confondre avec les habitants de la montagne et ceux de la plaine de Bône qui n'ont pas les mêmes traditions!
de nos jours, le monde des fêtes a changé , vous rencontrerez les animatrices qui se mettent en valeur et dépassent les organisatrices des fêtes de par leur gain faramineux, c'est devenu une industrie les animations des fêtes!
donc, pour revenir au Aarboune, après les repas et dans l'après midi si cela est organisé à la maison ou tard dans le soir pour celles qui préfèrent aller sur un lieu culte de la ville "Ras el Hamra", le lieu où se célèbre cette fête de arboune se nomme BAÏT el Caïd.
donc la Moussaba, est installée au milieu de la scène, la veille on lui aura mis du henné sur les mains et les pieds, parfois pour plus de must, c'est des "CHNADERS", ce qui s'apparente au tatouage actuellement, mais chnader sont naturels et disparaissent en quelques jours, richement vêtues et embijoutée, sur des coussins en soie ou en velour brodés or, couverte de grands foulards en soie véritable "khali wosto ou mharem chaalas"
puis l'ensemble de frirettes comment à psalmodier et à faire des incantations qui donnent la chair de poule , pour l'anecdote, on ne permet pas au enfants ni aux jeunes filles d'assister sauf si cela se déroule à la maison, et donc les adultes veillent au grain
la séance" MDIH", incantations et louanges à Dieu est assez longue, puis au son du tambour et tambourin, la moussaba se met à danser (tachtah dans notre langage) énergiquement, elle se défoule bien, la suivent d'autres femmes pour le plaisir, chtih, sont des mouvements rapides et qui mène la personne vers une transe,
contrairement au haz, danse lente et voluptueuse sur des musiques malouf andalous ou autres .
puis vient le moment des repas festifs, douceurs en tout genre, et chacun rentre chez lui sauf si on a organisé le aarboune à rass el hamra,des offrandes seront faites aux saints lieux, ce que l'on nomme:
une "TOUFEHA" faite se semoule et de miel qu'on offre aux jinns et on y passe la nuit!
le lendemain après un riche petit déjeuner, tout le monde rentre chez lui!
Ces séances sont menées par les anciennes fkirettes( Bnettes errebhia, Bent el Abbaci, et khalti Rmeki pour l'assistance à la moussaba
ce sont des fêtes grandioses des familles les plus aisées de la ville
je relate des faits authentiques et du vécu, car mes grands-mères faisaient parties des notables de la ville, et tout ce que je relate est authentique, j'ai vécu ces scènes du temps de mémé paternelle Hnaïfa fervente détentrice des us et coutumes
grand-mère maternelle était plutôt un peu "Européanisée"
Donc, la cherbet que je vous poste aujourd'hui est diluée dans un peu d'eau fraîche que l'on donne à boire à la moussaba et aux invitées qui entrent en transe.
1 kg de fleurs de bigaradier fraîches
1 kg de sucre
1, 500 l d'eau
alun gros comme un gros pois chiche, j'utilise toujours l'alun dans mes sirops et miel maison express à l'alun
Très tôt le matin avant que le soleil ne tape fort, asperger le bigaradier d'eau
laisser s'égoutter,
étaler une grande bâche ou autre sous les bigaradiers
puis cueillir les fleurs en secouant doucement les branches pour ne cueillir que les fleurs à point
les placer dans une grande cocotte inoxydable ,eau et alun, bien mélanger
laisser macérer une nuit à couvert
le lendemain,
faites bouillir le mélange pendant 2 mn
laisser tiédir et filtrer
filtrer le sirop à travers de la toile de gaze placée dans une grande passoire
puis remettre dans une cocotte en fonte de préférence
laisser cuire le sirop sans lui faire prendre de couleur
tester en prenant une cuillerée de sirop que vous placerez dans le frigo, s'il commence à s'épaissir, le sortir du feu et le transvaser dans un récipient en inox
couvrir et laisser refroidir avant de placer en bouteilles
se garde très longtemps grâce à l'alun qui l'empêchera de se cristalliser
au moment se servir, allonger la quantité désirée avec de l'eau fraîche !!!
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Commentaires sur CHERBET- SIROP DE FLEURS DE BIGARADIER ( oranges amères)
un très joli récit chez moi ça chauffe encore bien fort
RépondreSupprimerexcellente journée bises